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Et si Gen Z offrait à Rajoelina l’occasion de consolider son pouvoir ?

La jeunesse malgache, portée par Gen Z Madagascar, a surpris tout le pays en déclenchant une mobilisation d’une ampleur inédite le 25 septembre 2025 pour réclamer le droit à l’eau et à l’électricité. En seulement quelques jours, le mouvement est parvenu à transformer une revendication sociale en une exigence politique : la démission du gouvernement, sans pour autant viser le PFM (président français de Madagascar), Andry Rajoelina.

A première vue, ce choix stratégique — préserver le chef de l’Etat — semble être une manière d’éviter le chaos institutionnel. Mais il pourrait bien se retourner contre les manifestants et offrir à Rajoelina une occasion inespérée de renforcer son emprise.

Un boulevard pour Rajoelina jusqu’en 2028

En appelant à la démission du gouvernement tout en réaffirmant que Rajoelina doit rester jusqu’à la fin de son mandat, Gen Z Madagascar a paradoxalement consolidé sa légitimité. L’opinion publique pourrait voir en lui un arbitre au-dessus de la mêlée, capable de « remettre de l’ordre ». Cela lui laisse un espace politique presque sans rival pour conduire le pays à sa manière jusqu’en 2028.

Un pouvoir renforcé sur les institutions

Ces manifestations offrent au PFM une leçon grandeur nature sur la contestation sociale. En mobilisant la police et la gendarmerie, il teste les limites de la répression et affine ses méthodes pour neutraliser rapidement tout mouvement similaire à l’avenir. Cette expérience pourrait lui servir à verrouiller l’espace public et politique, en consolidant son contrôle sur les institutions, les forces de sécurité et la communication nationale.

Un projet constitutionnel facilité

Avec un gouvernement affaibli ou remplacé par une équipe loyale, et une jeunesse qui — par inexpérience — ne le remet pas directement en cause, Rajoelina pourrait avancer plus sereinement son projet de réforme constitutionnelle. Son objectif officieux : ouvrir la voie à une nouvelle candidature après 2028. Ce scénario renforcerait son emprise sur la scène politique, à l’image d’autres dirigeants africains ayant prolongé leur pouvoir grâce à des révisions institutionnelles.

Des manifestations… transformées en opportunité

L’ironie est frappante : un mouvement né pour revendiquer des droits sociaux essentiels risque de fournir au PFM une « boîte à outils » pour gérer toute contestation future. En ayant affronté de front la jeunesse, souvent perçue comme imprévisible, Rajoelina sort avec une expérience précieuse : comment étouffer une mobilisation dès sa naissance.

En somme, si Gen Z Madagascar a réussi à mettre sur la table des revendications cruciales, son choix de ménager Andry Rajoelina pourrait se révéler une erreur stratégique. Bien qu’affaibli, le PFM pourrait sortir renforcé, maître du calendrier politique et préparé à ouvrir la voie à une extension de ses mandats.

Le vent de révolte qui souffle aujourd’hui pourrait donc paradoxalement lui offrir l’élan nécessaire pour consolider durablement son pouvoir.

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