Madagascar au cœur d’une manœuvre iranienne pour contourner l’embargo
Un nouveau scandale à la frontière du burlesque et du géopolitique agite Madagascar. Cette fois, ce sont cinq Boeing 777 qui posent question — non pas sur le tarmac d’Ivato, mais bien dans les coulisses opaques d’un montage destiné à contourner les sanctions internationales. Une affaire qui pourrait coûter très cher à l’image du pays.
Ce que l’on sait
Le 23 juillet 2025, l’Aviation civile de Madagascar (ACM) publie un communiqué aussi laconique qu’inquiétant : cinq avions de type Boeing 777-212 ont été provisoirement immatriculés à Madagascar en janvier 2025 sous les références 5R-RIS, 5R-ISA, 5R-HER, 5R-IJA et 5R-RIJ. Ces immatriculations sont révoquées depuis le 17 avril 2025, mais les questions restent nombreuses.
Pourquoi ? Parce que ces appareils n’ont jamais mis les pieds (ou plutôt les pneus) sur le territoire malgache. Ils ont passé toute cette période… en Chine.
Le « 5R malgache », simple masque géopolitique
Le très sérieux Journal de l’aviation révèle le 22 juillet que ces avions ont été acquis par la compagnie iranienne Mahan Air, notoirement ciblée par des sanctions occidentales. Le but de la manœuvre : blanchir leur traçabilité grâce à une immatriculation sous un pavillon a priori neutre — celui de Madagascar, préfixe 5R. Mais l’histoire ne s’arrête pas là.
UDAAN Potentials Ltd, société-écran ou épicier volant ?
L’entreprise malgache qui a demandé les immatriculations s’appelle UDAAN Potentials Ltd, basée à Analamahitsy. Au registre du commerce, elle affiche des activités qui mêlent joyeusement export de produits locaux (grains secs, sésame, arachides…) et aviation nationale/internationale. Trois personnes en sont les gérants… inconnues dans le secteur aérien.
Tout indique donc qu’il s’agirait d’une société écran montée pour servir de prête-nom aux véritables acheteurs : les Iraniens.
Il semble que cette opération ait été pensée, financée et exécutée de manière bien orchestrée, avec la complicité active ou passive de certaines autorités locales.
Des avions bien réels, aujourd’hui en Iran
Les cinq Boeing 777 concernés ont appartenu à Singapore Airlines, Scoot, NokScoot ou Ion Aviation. Ils ont changé de main, brièvement arboré une fausse nationalité, puis ont fini dans la flotte de Mahan Air — désormais bel et bien sur le sol iranien, selon les photos publiées (notamment pour le 5R-HER).
Les risques majeurs pour Madagascar
Dans le contexte géopolitique tendu actuel, cette affaire dépasse de très loin la simple boulette administrative. Elle pourrait même révéler une autre vaste affaire de corruption, à l’instar du scandale Gemfields avec Romy Voos Andrianarisoa, proche conseillère d’Andry Rajoelina.
1. Un affront direct aux sanctions internationales
En hébergeant — même temporairement — des avions destinés à un pays sous embargo, Madagascar s’expose à des représailles diplomatiques. Les États-Unis, en particulier, suivent de très près toute violation de l’embargo iranien. Or, le pays tente actuellement de sauver son éligibilité à l’AGOA (accord préférentiel d’export vers les USA). Cette affaire pourrait sérieusement compromettre ses chances.
2. Une crédibilité aéronautique écornée
Comment l’ACM a-t-elle pu autoriser ces immatriculations à une société qui, de toute évidence, n’a ni expérience ni infrastructure dans l’aérien ? Le communiqué du 23 juillet sonne comme un rétropédalage maladroit, et renforce l’image d’une institution désorganisée ou pire… complaisante.
3. Un précédent dangereux
Ce type d’opération ouvre la porte à d’autres usages détournés de l’immatriculation malgache. Si personne n’est inquiété, Madagascar pourrait devenir un nouveau paradis pour les fraudes internationales. A moins qu’il ne le soit déjà !
On a vraiment un champion des magouilles au pouvoir. Je me demande comment il va s’en sortir cette fois.