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Et si Rajoelina, son gouvernement et le Président du Sénat démissionnaient ?

A Madagascar, la rue gronde. Les manifestants réclament non seulement la démission du président français de Madagascar, Andry Rajoelina, mais aussi celle de tout son gouvernement et du président du Sénat. Le cas échéant, que se passerait-il alors ? La Constitution n’a pas prévu un tel cas. Ce vide peut pourtant ouvrir la voie à plusieurs options.

La Constitution et ses limites

En théorie, la règle est simple : si le président démissionne, c’est le président du Sénat qui prend le relais. Et si celui-ci est empêché, c’est le gouvernement qui assure l’intérim. Mais si tous démissionnent en même temps, la Constitution reste muette. C’est une situation inédite qui plongerait le pays dans un vide institutionnel.

Les scénarios possibles

  • Un directoire militaire : l’armée pourrait prendre les rênes du pays au nom de la stabilité. Mais c’est une mauvaise idée, étant donné qu’elle est hautement corrompue.
  • Un gouvernement de transition : des représentants politiques et de la société civile pourraient former une structure provisoire chargée d’organiser de nouvelles élections. Idée à exclure, étant donné que le système en lui-même est hyper corrompu (HCC, CENI).
  • Une autorité de transition sur mesure : à l’image de la Haute Autorité de Transition de 2009, Madagascar pourrait créer un organe inédit, adapté à la crise actuelle. Erreur stratégique : on a vu ce que ça a donné en 2009.

Une opportunité historique

Cette triple démission ne serait pas seulement une crise, mais aussi une chance unique. Une chance de :

  • prendre du recul et analyser ce qui bloque le pays depuis des décennies,
  • repenser complètement le système politique pour qu’il corresponde vraiment à l’identité et la culture malgaches,
  • mettre en place des mécanismes anti-corruption stricts avec l’application de la peine de mort si les faits sont avérés et prouvés,
  • réduire l’influence étrangère trop présente, notamment celle de la France et des institutions financières, et reprendre une souveraineté pleine.

Et surtout, il faut rappeler que d’autres pays ont traversé de longues périodes sans gouvernement sans sombrer. Entre 2010 et 2011, la Belgique a battu un record mondial en restant 541 jours sans gouvernement fédéral. Pourtant, le pays a continué de fonctionner grâce à son Etat très décentralisé : les régions et communautés avaient leurs propres institutions, et le gouvernement sortant expédiait les affaires courantes. L’économie n’a pas sombré, les administrations ont tourné, et la vie a suivi son cours. Ce précédent montre qu’il est possible, au moins temporairement, de maintenir un Etat en vie sans exécutif classique.

En attendant une refonte, Madagascar pourrait donc se limiter à expédier les affaires courantes, le temps de bâtir un système plus juste et plus adapté.

Conclusion

Si Rajoelina, son gouvernement et le Président du Sénat quittaient le pouvoir en même temps, Madagascar entrerait dans une zone inexplorée. Mais ce vide n’est pas forcément un danger : il peut devenir une opportunité. L’opportunité de briser les vieux schémas, de rompre avec la dépendance et de bâtir un système politique authentiquement malgache (et non plus une République bananière instable, singée sur le modèle français).

Tout est possible, et ce moment pourrait bien être celui où Madagascar se réinvente.

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