VIDEO. A peine nommé, le nouveau Premier ministre est déjà controversé
Après la fuite précipitée d’Andry Rajoelina, Madagascar s’attendait à un sursaut historique. Mais le changement annoncé ressemble, pour l’instant, à une continuité soigneusement maquillée. Le colonel Charles Randrianirina, désormais à la tête du « Conseil de la refondation », a été présenté comme l’homme du renouveau. Pourtant, à y regarder de plus près, les fondations pourries du système demeurent intactes.
Les vieilles structures, toujours en place
L’espoir d’une refonte institutionnelle profonde s’effrite dès les premiers jours du nouveau pouvoir. Les institutions accusées de corruption et d’allégeance au régime précédent sont toutes restées en place : Assemblée nationale, Haute Cour Constitutionnelle, Sénat, Haute Cour de Justice, CENI, gendarmerie, PAC, Bianco.
Ces structures, pourtant largement discréditées par des années de scandales, de clientélisme et d’inertie, continuent d’occuper le devant de la scène. Autrement dit, on a les mêmes acteurs, les mêmes pratiques, sous un nouveau décor.
Un Premier ministre déjà controversé
Le nouveau Premier ministre, fraîchement nommé, est déjà au cœur de la controverse. Selon La Gazette de la Grande île et plusieurs observateurs, Herintsalama Rajaonarivelo est un proche de Mamy Ravatomanga et de la communauté karana, acteurs d’un système qui a plongé Madagascar dans la pauvreté et l’impasse politique actuelle.
Certes, son CV semble crédible, mais sa proximité avec les réseaux mafieux du pouvoir fait planer un lourd soupçon : celui d’un retour déguisé du même cercle d’influence. Et dans un pays où la corruption a souvent servi de monnaie politique, la prudence s’impose. Car, comme le dit l’adage, qui se ressemble s’assemble.
La refondation ou la répétition ?
Le mot « refondation » sonne creux si les pratiques ne changent pas. A quoi bon parler de nouveau départ si les institutions, les individus et les pratiques mafieuses restent inchangés ? En tout cas, le colonel Charles Randrinirina ne semble pas vouloir rompre totalement avec l’ancien système. Est-il sous pression ou est-ce réellement sa volonté ?
Le peuple malgache réclame justice, transparence et un véritable Etat de droit. Or, au regard des récents événements, les sacrifices et les mobilisations massives du peuple semblent trahis par un simple jeu de chaises musicales au sommet.
Un appel au courage politique
Si le colonel Charles Randrianirina veut incarner un vrai changement et non un relais du système, il devra rompre clairement avec toute forme de compromission et de connivence politique. Cela signifie : nettoyer les institutions corrompues, ouvrir la voie à une vraie justice indépendante, mettre fin à l’impunité de la mafia et placer les intérêts du peuple avant ceux des clans économiques et politiques.
Sans cela, la « refondation » tant promise ne sera qu’un mirage de plus dans l’histoire de Madagascar. Et tous ces sacrifices n’auront servi à rien.