VIDEO. Pourquoi la malgachisation peut devenir un outil de développement

Le débat autour du retour de la malgachisation refait surface à Madagascar, et c’est une occasion décisive pour redéfinir la place du pays dans le monde. Ce mouvement peut devenir un formidable levier de renaissance culturelle, mais il ne prendra tout son sens que s’il s’accompagne d’un véritable développement économique. L’histoire mondiale le prouve : une langue gagne en prestige lorsque le pays qui la porte gagne en puissance, en influence, en innovation. Et Madagascar peut suivre ce chemin.

Une stratégie qui a déjà fait ses preuves ailleurs

Le Japon, la Corée du Sud ou encore la Chine n’ont pas imposé leurs langues par hasard. Ils ont investi dans l’éducation, l’industrie, la technologie, les infrastructures, puis ont laissé leur culture rayonner. Résultat : aujourd’hui, apprendre le japonais, le coréen ou le mandarin n’est plus seulement un acte culturel, c’est un atout professionnel.

Madagascar peut s’inspirer de ce modèle. Le malgache n’a aucune raison de rester une langue cantonnée au niveau national : avec une économie dynamique, une industrie culturelle forte, des entreprises audacieuses et une diaspora active, il peut parfaitement se projeter à l’international.

Une question d’ambition collective

L’un des freins majeurs n’est pas linguistique : il est psychologique. Beaucoup de Malgaches ont été conditionnés à croire que seule une langue étrangère peut être porteuse de prestige ou d’opportunités. Pourtant, aucune langue n’est « petite » en soi. C’est la puissance, la confiance et l’ambition de ceux qui la parlent qui lui donnent son rayonnement.

Retrouver une fierté linguistique, ce n’est pas se refermer sur soi. C’est affirmer son identité, renforcer la cohésion nationale et bâtir une base culturelle solide à partir de laquelle on peut rayonner.

La malgachisation, un outil de développement

La malgachisation ne doit pas être vue comme un simple retour à la langue nationale. C’est un outil stratégique capable d’alimenter un développement global, à condition d’être pensé comme une politique ambitieuse et cohérente.

• Construire une école plus efficace :
  Lorsqu’un enfant apprend dans une langue qu’il maîtrise naturellement, il progresse plus vite, comprend mieux et développe des bases solides. Une école malgachisée, bien conçue, crée une génération plus compétente, mieux formée et plus apte à affronter les défis économiques modernes.
• Stimuler une industrie culturelle porteuse de valeur :
  Une langue forte nourrit des créations fortes. Littérature, cinéma, musique, jeux vidéo : produire en malgache ouvre la voie à un marché national plus dynamique, puis à une exportation culturelle réelle. C’est ainsi que naissent des écosystèmes capables de générer de l’emploi, des revenus et du rayonnement international.
• Renforcer la cohésion nationale pour accélérer le développement :
  Une langue commune, valorisée et utilisée dans les espaces d’apprentissage, de création et de travail, favorise l’unité. Cette cohésion est la base sur laquelle un pays peut bâtir des politiques ambitieuses et mobiliser sa population autour d’un même projet national.
• Libérer la confiance nécessaire à la compétitivité économique :
  Un pays qui assume sa langue assume sa valeur. Cette confiance culturelle alimente l’audace entrepreneuriale, encourage l’innovation et soutient la compétitivité. La malgachisation peut devenir une source de motivation collective, un signal fort que Madagascar croit en son propre potentiel.

Le vrai défi : associer langue et modernité

Pour que la malgachisation devienne une réussite, elle doit être portée par un pays qui investit dans l’innovation, la technologie, l’industrie et l’éducation supérieure. C’est cette alliance entre identité et progrès qui permettra à Madagascar de se projeter sur la scène internationale.

Il ne suffit pas de parler malgache : il faut créer, produire, inventer, innover en malgache.

Un moment de bascule historique

Le retour de la malgachisation est une opportunité. Une chance d’oser un cap nouveau. Une occasion d’affirmer que Madagascar n’a pas vocation à copier les autres, mais à proposer sa propre voie. Avec de l’ambition, une vision stratégique et un développement économique solide, la langue malgache peut devenir un symbole de réussite, un outil d’influence et un vecteur d’exportation culturelle.