Et si Facebook provoquait la chute d’Andry Rajoelina comme au Népal ?
Lorsque le gouvernement népalais a décidé de fermer Facebook, il a commis une erreur stratégique majeure. Dans un pays rongé par la pauvreté, la corruption et le désespoir, cette censure brutale a servi d’étincelle. Les manifestations ont explosé, des jeunes sont descendus dans la rue, et la colère s’est amplifiée jusqu’à défier directement le pouvoir.
Cette séquence n’est pas passée inaperçue à Madagascar. Car les ressemblances entre les deux pays sont frappantes. Et Andry Rajoelina, qui rêve d’un quatrième mandat, sait parfaitement que l’histoire pourrait se répéter.
Népal et Madagascar : deux peuples pris en otage par leurs dirigeants
Le Népal et Madagascar figurent parmi les pays les plus pauvres du monde. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le PIB par habitant du Népal tourne autour de 1 400–1 600 dollars, soit plus du double de celui de Madagascar (environ 600 dollars). Mais cela ne fait pas du Népal un pays prospère : dans les deux cas, la majorité de la population vit dans la précarité, tandis qu’une minorité s’affiche dans un luxe indécent.
Des villas clinquantes, des voitures de luxe, des voyages à répétition pour les dirigeants et leurs proches… et, en face, des millions de citoyens qui peinent à se nourrir et à se soigner. L’écart est insupportable, et la corruption gangrène les deux systèmes politiques.
Dans ce contexte, Facebook n’est pas un simple réseau social : c’est une soupape de survie. C’est là que les citoyens dénoncent, s’indignent, s’organisent. Quand les médias traditionnels sont intimidés ou achetés, Facebook reste l’espace où le peuple peut encore parler librement.
Le précédent du Printemps arabe
Le danger pour les régimes autoritaires, c’est que Facebook ne se contente pas d’être un défouloir. Il peut devenir un catalyseur révolutionnaire. Le Printemps arabe en a été la preuve éclatante.
En Tunisie, en Égypte, en Libye, en Syrie, les régimes croyaient pouvoir étouffer la contestation par la peur. Mais c’est sur Facebook et Twitter que tout a basculé :
- des vidéos de brutalités policières sont devenues virales,
- des appels à manifester se sont diffusés en quelques heures,
- des témoignages ont traversé les frontières, donnant une visibilité mondiale à des luttes locales.
Ces plateformes n’ont pas créé les causes profondes (pauvreté, chômage, injustice), mais elles ont offert aux peuples un outil pour transformer la colère individuelle en mobilisation collective. Résultat : des dictateurs que l’on croyait inamovibles sont tombés.
Andry Rajoelina face à la menace Facebook
A Madagascar, le pouvoir est conscient du danger. Des rapports d’organisations indépendantes ont déjà relevé des pressions sur les médias, des arrestations liées à des publications en ligne et des campagnes orchestrées sur Facebook pour redorer l’image du régime. Cela montre une chose : les réseaux sociaux dérangent le pouvoir.
Mais le dilemme est terrible pour Rajoelina :
- S’il ferme l’accès à Facebook, il risque de provoquer une explosion similaire à celle du Népal. Les Malgaches, privés de leur dernier espace d’expression, pourraient basculer dans la rue.
- S’il le laisse ouvert, il demeure exposé à la viralité des scandales, à la diffusion instantanée de la colère et à la possibilité d’un embrasement populaire.
Dans les deux cas, le risque est réel, et il est élevé.
Facebook : la voix du peuple
Ce que les dirigeants oublient, c’est que Facebook à Madagascar n’est pas qu’une plateforme. C’est un mégaphone collectif. Là où la presse est bâillonnée, là où les voix dissidentes sont réduites au silence, Facebook amplifie le cri du peuple.
Le pouvoir peut bien tenter d’intimider, d’acheter ou de manipuler, mais la vérité finit toujours par s’échapper. Et lorsque l’expression est confisquée, c’est la rue qui reprend le relais.
Le Népal l’a montré. Le Printemps arabe l’a confirmé. Madagascar n’y échappera pas : aucun pouvoir ne peut museler indéfiniment la voix d’un peuple en colère.