Une fillette meurt écrasée par un bus : le scandale des transports en commun à Madagascar
Le décès d’une fillette de six ans, écrasée par un bus alors qu’elle tentait de monter à bord avec sa mère, a mis en lumière les conditions de transport urbain à Antananarivo. Ce fait divers, largement relayé, ne doit pas être traité comme un événement isolé. Il révèle un dysfonctionnement profond et ancien du système de transports en commun dans la capitale.
A Antananarivo, l’essentiel des déplacements repose sur les taxi-be et les bus urbains. Ces moyens de transport, initialement pensés comme des solutions transitoires, sont devenus l’ossature du réseau sans cadre structurant suffisant. Arrêts non respectés, véhicules qui ne s’immobilisent pas complètement, surcharge, absence de quais sécurisés : ces pratiques sont connues, documentées et répétées.
Dans ce contexte, les usagers s’adaptent comme ils peuvent. Monter dans un véhicule encore en mouvement est devenu courant. Cette normalisation du risque explique que des accidents graves surviennent, parfois avec des conséquences irréversibles. La mort de cette fillette agit aujourd’hui comme un déclencheur, obligeant à regarder la réalité en face.
Un modèle de transport à bout de souffle
Le problème dépasse largement la question des comportements individuels. Il s’agit d’un modèle de transport urbain arrivé à ses limites face à la croissance démographique et à l’augmentation des besoins de mobilité. Antananarivo compte plusieurs millions d’habitants, avec des flux quotidiens de plus en plus importants entre les zones périphériques et le centre-ville.
Le recours quasi exclusif à des véhicules de faible capacité, mal intégrés à l’espace urbain, entraîne une congestion permanente, une insécurité élevée pour les usagers et une perte de temps considérable. Les plus vulnérables — enfants, personnes âgées, femmes enceintes, personnes en situation de handicap — sont les premières exposées.
Ce constat n’est pas nouveau. Ce qui change aujourd’hui, c’est l’impossibilité de continuer à l’ignorer.
La modernisation des transports comme réponse structurante
La question n’est plus de savoir s’il faut moderniser les transports en commun, mais comment et quand. Des solutions existent et sont adaptées aux réalités de pays comparables à Madagascar.
Le développement d’un réseau de tramway sur des axes structurants permettrait de transporter un grand nombre de passagers de manière sécurisée et régulière. Des stations fixes, des quais aménagés et un système de montée contrôlé réduiraient immédiatement les risques d’accident tout en améliorant la fluidité des déplacements.
En parallèle, la mise en place de bus à grande capacité circulant sur des voies réservées offrirait une alternative rapide à déployer. Ce type de réseau permet d’imposer des règles claires de fonctionnement, d’améliorer la ponctualité et de réduire la pression sur les autres modes de transport.
Faire de ce drame un point de bascule
La mort de cette fillette ne doit pas rester un simple épisode médiatique. Elle doit servir de point de bascule pour engager des décisions structurantes, planifiées et assumées. Continuer à gérer les transports urbains dans l’urgence et l’improvisation expose la population à de nouveaux drames.
Moderniser les transports en commun à Madagascar, c’est répondre à une urgence de sécurité publique, mais aussi préparer l’avenir économique et social de la capitale. Les solutions sont connues. Il reste désormais à passer à l’action.
