Le « voyage secret » de Michael Randrianirina à Dubaï provoque des suspicions

Madagascar devait ouvrir une nouvelle ère politique. Au lieu de cela, c’est un silence assourdissant qui a accompagné l’absence du président Michael Randrianirina lors du lancement de la refondation nationale. Et pour cause : selon Africa Intelligence, le chef de l’État n’était pas sur le territoire, mais en « voyage secret à Dubaï ». Une escapade éclair, du 9 au 10 décembre, passée sous les radars et lourdement chargée d’enjeux.

D’après le magazine, Randrianirina y aurait rencontré des diplomates israéliens, américains et émiratis, mais aussi Erik Prince, le sulfureux milliardaire connu pour son influence dans les milieux de la sécurité privée internationale. Le président malgache aurait discuté avec les Émirats arabes unis d’un éventuel soutien financier, ainsi que de solutions pour l’approvisionnement en eau et en électricité. Avec Erik Prince, les échanges auraient porté sur des questions de sécurité et de renseignements. Autrement dit, des dossiers stratégiques, engageant directement la souveraineté du pays.

Plus troublant encore : aucune mention officielle de ce déplacement. Pas un communiqué, pas une justification, pas même une ligne sur les réseaux institutionnels. Dans un contexte où Madagascar tente de remettre de l’ordre dans ses institutions, ce type d’opacité ne passe pas. Il alimente les doutes, nourrit la défiance, et ouvre grand la porte aux spéculations.

Selon Africa Intelligence, le cas Rajoelina n’aurait même pas été évoqué, alors même qu’il a été localisé à Dubaï. Le contraste est saisissant avec les déclarations musclées de Randrianirina quelques jours plus tôt sur France 24, où il assurait vouloir juger l’ex-président déchu à Madagascar. Entre les discours destinés au public et les discussions menées dans l’ombre, l’écart devient impossible à ignorer.

Dans un pays où chaque décision politique peut résonner comme un nouveau tournant, ce voyage secret pose une question simple : pourquoi avoir caché un déplacement aussi stratégique ? Et surtout, que doit penser le peuple malgache d’un président qui engage l’avenir national loin des regards, dans les palais climatisés de Dubaï ?